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slam


Clarté dermique

Je passe, mobile.
Ma clarté dermique comme passeport de toutes les mouvances.

Je passe;
je suis mobile
je navigue, je vaque, j’erre
à la recherche d’un temps à perdre
alors que des lignes immenses se forment
dans les aéroports
pendant que des lignées entières
s’abîment
sur les pointillés acérés des frontières

elles sont partout
tracées par la hâte grossière de l’histoire
la grande
avec un H
qui aspire les morts
et ceux qui vivent
- entre les lignes

Passeport, passe-pores, passe et part
passe et cul-de-sac, aller simple sans retour
pour celles et ceux
qui n’ont pas

ma clarté dermique
ma classe nordique

trop à l’est, trop au sud
d’autres brûlent, d’autres restes
pour celles et ceux qui n’ont pas

les liasses
pour se mouvoir
le papier
pour s’affranchir
des gouvernances
obsessions vexillologiques
étendards de puissance

j’ai rêvé de déchirer le mien
quand d’autres seraient morts
pour tenir dans leur main

un passeport
un signe balisé
une cuirette d’imitation diplomatique

“C.D.” : j’ouvre toutes les portes
pendant qu’on clôture les troupeaux de misère

point d’eau, point de salut
il y a ceux qui peuvent
et ceux qui suent
    
je fais la file à tes côtés
et pendant que je passe,
immobile
devant la glace
miroir aux douaniers
l’échiquier est une vaste farce
des petits cahiers à tamponner
une valse
une vaste mécanique de mouvements autorisés

je glisse, j’esquive donc,
je suis aimable: je suis du bon côté

et pendant que je passe,
toi, tu prends le bord,
derrière la cage vitrée

il y a des épidermes
qui dérangent
des suspicions
qui démangent

les héritiers modernes
ont la pâleur insécure
avide de toutes les suffisances

Je passe;
je suis mobile
je navigue, je divague, j’amère
à la recherche du temps à venir
alors que des lignes immenses se forment
dans les aéroports

je passe, mobile

alors que des lignées entières
moissonnent les déserts
des grains de famine
sur les pointillés acérés des frontières

je passe.
.


Christophe Colomb n'a jamais existé

Ce qui m’a permis
la cuillère dans la bouche
la main qui nourrit
maisons bardées de soleil
tapissées de “welcome”
et de rosiers
incantations  au roi-oseille
rêve en papier craché
enfance étanche
luge de la chance
balance glissante
des élus aux pattes blanches

gènes hérités
jeunes irrités
je nie et je ris - à moitié

chemins balisés
écoles privées -  d’horizon
1 teinte de blanc en toute saison
murs de briques sur mur de béton devant,
une murailles de rochers
des pics de diamants sans pic pour faire des trous dedans
des trous - des coups de dents
regard obliques des ravins
se perdre en chemin
ne pas savoir quel grain
sera bon à germer
pain perdu
chien d’intérieur pendu à son crochet
les gens tous croches sont mal foutus
sont dans la rue
petits riens partis de rien
sans petits pains
les petites mains

sombrées dans l’oubli

obscuriser, oblitérer
solidarité banqueroutée
blêmir en bord d’autoroute
un camp de roulottes forme une croûte
blessure sans censure qui suppure
craque-perdure;

- le doute.

les montagnes
les rochers
neige sur la crête ça vole ça vérole
- vent, vent, froid.

Se casser la tête contre les fenêtres

Au passage d’un seul homme
une femmes écrasée
se prélasse en petit décolleté
la glace casse de crevasses avalées
crasse démembrée
corde au cou au-dessus du trou:

du bout des yeux
de tout mon corps
la langue collée par le froid
sur le bord des parois
avec ou sans mots
de toutes façons c’est avec ou sans moi
c’est flou
c’est précis
c’est visqueux
une anguille, de la boue
un sac de noeuds

reconfigurer cette foutue langue cryptée
mémoire moins vive
redessiner la carte mère
Christophe colomb n’a jamais existé.

on joue ?

jeter les vieux pots
pirater les morceaux
retraduire le livre
assembler nos legs et nos idéaux
former un pont
(soyons réalistes:
former une nouvelle civilisation).
.


Le prêt à porter

question de genre
question d'arranger
la distribution des rôles
et des clichés

y'a des images qui dérangent
des histoires de cul
des histoires de points de vue - mélangés

des mots qui flattent
d'autres qui frappent
d'ineptes invectives
qui claquent leurs formules infectées
étiquettes désuètes
épithètes en farandole prêts à fanfaronner

listes trop stiff
pour contenir la vacuité
nominale
destinées à celles et ceux
qui ne fittent pas dans les moyennes
nationales

point de repères, point de mire
se faire taire
se faire dire

trajectoire pré-jugée
qui vise les culs et les têtes qui ne ressemblent pas à celle sur la jaquette

l'ignorance pousse l'ivraie
à se commettre

comment être

"délivrez-les des tentations"
ils savent pourtant très bien ce qu'ils font
frustrations mal fardées

nos flamboyances sont hors de leur portée

Leurs invectives obsolètes
leurs dards refoulés
j'en fait mon duvet de mémoire
mon gilet pare-connard

je couds mes petits adjectifs
au cou de mon agenda
affectif
pour broder par diffraction des petits ponts
dégenrés, déjantés
déranger les petits soldats en faction
parasiter les fonctions

Je découpe, j'assemble
je tricotte la réconciliation

Je réoriente les mots
je tisse l'invisible macramé
avec une panoplie de chandails recyclés

élimer les poncifs
à coups d'aiguille dans l'alphabet
détourner les patrons
récupérer les blasons

question d'arranger
le prêt à porter.
.


La tour

Dans la tour en face
moi je marche
dans la tour en face
moi je marche
dans la tour en face
moi je marche
moi je marche
je marche

Dans la tour en face
des blocs de lumière
crue
qui se détachent
ça tombe en avalanche
ça crève le coeur
ces arêtes tranchantes de béton
qui égorgent le ciel

je marche

j’ai de l’espace devant moi
de quoi croire

Dans la tour en face
des blocs de douleur
se détachent
ça tombe sans crier gare
pourtant ça sent la poudre
depuis longtemps
depuis toujours
Les pneus éclatent
sous les flammes
le noir des volutes
l’haleine chargée de la cité

moi, je marche

tranquillement assise
sur mon passé

je traverse, j’esquive
je poursuis

j’ai de l’espace

à venir, avenir

Dans la tour en face
les escaliers sont immobiles
les moteurs arrêtés,
les vitres opaques
Dans la tour en face
les portes sont enfoncées
même ouvertes
elles donnent sur des fenêtres
elles donnent le vertige
en bas du vol
c’est le béton
le béton
le béton
le béton
le passé sur lequel le béton s’est armé
le passé qui dérange
le passé ça se change
ça transforme
ça donne le vertige

De la tour on face
on voit la tour en face
De la tour en face
on voit la tour en face

la tour en face
la tour en face

moi, je marche
tranquillement assise
sur mon passé
je traverse, j’esquive
je poursuis
j’ai de l’espace
à venir, avenir

Moi je marche,
je n’ai pas à vivre

dans la tour en face
dans la tour en face.

.


Mode pers vers

Ça prend une hache
un couteau de boucher
pour tailler un bout d’gras
une bavette
se taper une jasette avec toi
sortir de soi

je digère mal
je brise du dos
j’ai un lumba-mot
lois ancestrales
on entend mieux en stéréo
en multi-pistes
en remix
en mode impro
recracher les types en mono
les sur-trop
les sur-cides
les sourcils qui n’annoncent
rien de beau

rien de beau
dans le paysage des duos missionnaires
des visites protocolaires
des visées proto-pécuniaires
circuit fermé siphon des restes de la terre

de l’air, de l’air

je dégénère
je déflagre
je recons-trou-is

je suis en mode per vers

j’invite le monde entier
toi lui elle eux tout mélangé
à repatenter nos vies
nourrir nos origines
perdre l’envie d’être original
savoir sans omettre
orgie de détails
bataille d’orignal
se tenir sur la tête
se tourner vers le nord
apprendre à
former un village
notions premières
premières nations en sillage
d'honnêtes façons
prises entre ciel et harpon
puisées dans la glace charnue de l'âme des chansons

Entre des océans
antre des ossements
désosser le présent
entrer dans le Québec
ne pas prétendre
entrer dans ta tête
ne pas méprendre
et se permettre

franchir des cols de portes
s’affranchir des cloportes colleurs d'étiquettes

se chercher des ancêtres
cartographier les blancs
de l’arbre
s’approprier les blancs de l’âme
prendre dans ses bras les bancs de larmes
générer une pile de baiser
un moteur à aimer
une généalogie

- de la diversité
 
se parler de nos identités
te parler
rêver du verbe être


La track

les dés sont pipés
d’avance

le long de la track
des kilomètres d’escobarderie

des escrocs en quêtes de braderies
labourent le sol
le sol
seul
les coups de matraque
mutants lubriques et chabraques

la traque est lancée
la track est posée

Entre villes et villages
des monstres
perce-paysages
éventrent nos nuits
enterrent nos rêves
d’un jour sans fumée
s’enfermer s’enflammer
se faire enfirouaper
dans les râles épais
des manteaux de bitumes
des dunes de sables sales
des océans sans eaux
des souffles chauds

des gros tuyaux forcent
la panse,

forcent notre avenir

ça sent le coup bas

complot de bitume par des miteux
en haute forme
formée d’hommes blancs
en forme de bandits,
de brigands

fraude combustible
fautes carabinées
combines d’acides frelatés
l’affreuse flibusterie
dégage de l’énergie en fatras
des tracas des dégâts
des désastres
en veux-tu
en voilà

grappes de mots creux
en amas
des mains bardées
de permis, de droits, d’acquis, de contrats
fouinent et fouillent
le très-bas

sur une bouche
le silence
baîllonne de ses dix doigts

traire, défaire,
fer, terre, mer, air
extraire rend puissant
décime l’arbre, la mousse, le geai
dessine les contours d’un nouveau
projet
pro je
trop près

serpentins infinis
sur lesquels galactiquent des titans à moteur
l’odeur est fille du temps
et le temps est or, le temps est noir
le temps
est l’argent
largement
affublé d’adjectifs
qui trébuchent et qui sonnent
entre les mailles d’un filet de prêcheurs
à la foi mal arrangée
aux valeurs aux prises
aux billets

tout est travers
tout est billet
tout est biaisé

le long de la track
des sections d’enfer
glissent leurs canons
dans nos gorges
dans le coeur de nos petites maisons

l’eau fait cours de toutes nos erreurs
des méandres ou rien ni personne ne pourra plus mettre bas
béluga béluga béluga

gratter des ongles la croûte
c’est faire place à l’infâme
ardeur
dollardorateur

sortir de la track
se faire prendre la main dans le sac

la fuite
envisque
elle s’étale
elle brûle des vies
silence des nations
cendre sans intérêts
vide nos petites maisons
plainte de la grande saison

l’envie est aveugle
cannibale
elle joue aux dominos
dominer le grand domaine des démons
partir en cavale

caves en vue!

à vol d’oiseau
n’importe qui
peut voir
les gros tuyaux
percer nos moelles
nous mettre à dos
à nu

alors à nous

d’attiser la braise
des flammes d’effort
un rempart à l’affront
un frein à l’effroi

aujourd’hui il fait froid
allons le long de la track
des kilomètres de mains enlacées
sans laisser
ni se lasser
ne plus s’en faire passer

on fera le tour des baraques
pour protéger l’arbre, le geai, la mousse
les grandes bibittes
les petites météorites

demain aussi on ira le long de la track
des kilomètres de mains entremêlées
le souffle de nos petites maisons
rougeoyant le calendrier
pour que les gros tuyaux forment
une pente douce, un tremplin à venir
que ça sente la mousse, le lichen
l’eau qui joue entre les rochers
la promesse
la prouesse
verte
en éclats
en veux-tu
en voilà
.


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